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laboratoire d'idées
28 septembre 2010

Mon livre préféré

9782070324491

Résumé de "Syllogismes De L'Amertume" (trouvé ici)

Syllogismes de l'amertume se présente sous l'aspect fragmenté d'un recueil de pensées, tour à tour graves ou cocasses. Rien pourtant de moins "dispersé" que ce livre. Du premier au dernier paragraphe, une même obsession s'affirme : celle de conserver au doute le double privilège de l'anxiété et du sourire. Alors que dans son premier essai. Précis de décomposition, Cioran s'attaquait à l'immédiat ou à l'inactuel avec une rage lyrique, dans celui-ci il promène sur notre époque, sur l'histoire et sur l'homme, un regard détaché où la révolte cède le pas à l'humour, à une sorte de sérénité dans l'ahurissement.

 


 

"si on avait une perception infaillible de ce qu'on est, on aurait tout juste encore le courage de se coucher mais certainement pas celui de se lever"

"un dégoût, un dégoût - à en perdre l'usage de la parole et même de la raison. Le plus grand exploit de ma vie est d'être encore en vie"

"s'employer à guérir quelqu'un d'un "vice", de ce qu'il possède de plus profond, c'est attenter à son être, et c'est bien ainsi qu'il l'entend lui même, puisqu'il ne vous pardonnera jamais d'avoir voulu qu'il se détruise à votre façon et non a la sienne"

"Je me suis toujours emballé pour des causes perdues & pour des personnages sans avenir dont j ai épousé les folies au point d'en souffrir presque autant qu'eux. Quand on est voué à se tourmenter, ses propres tourments, si grands soient-ils, ne suffisent pas; on se jette encore sur ceux des autres, on se les approprie, on se rend doublement, triplement, que dis-je? Centuplement malheureux."

"que penser des autres? - Je me pose la question chaque fois que je fais la connaissance de qui que ce soit. Tellement il me parait étrange qu'on existe et qu'on accepte d'exister"

"Ces idées qui survolent l'espace, et qui, tout à coup, se heurtent aux parois du crâne..."

"orgueil moderne: j'ai perdu l'amitié d'un homme que j'estimais, pour m'être acharné à lui répéter que j'étais plus dégénéré que lui..."

"pour manier les hommes, il faut pratiquer leurs vices et en rajouter. Voyez les papes: tant qu'ils forniquaient, s'adonnaient à l'inceste et assassinaient, ils dominaient le siècle; et l'Eglise était toute puissante. Depuis qu'ils en respectent les préceptes, ils ne font que déchoir: l'abstinence, comme la modération leur a été fatale; devenus respectables, plus personne ne les craint. Crépuscule édifiant d'une institution."

"au recours des autres siècles qui pratiquèrent la torture négligemment, celui ci, plus exigeant, y apporte un souci de purisme qui fait honneur à notre cruauté."

"c'est flotter dans le vague que de dire: j'incline plutôt vers tel régime que vers tel autre; - il serait plus exact d'affirmer: je préfère telle police à telle autre. L'histoire, en effet, se ramène à une classification des polices, car de quoi traite l'historien, sinon de la conception que les hommes se sont faite du gendarme à travers les âges."

"Le secret de mon adaptation à la vie? - j'ai changé de désespoir comme de chemise"

"Mon avidité d'agonies m'a fait mourir tant de fois qu'il me parait indécent d'abuser encore d'un cadavre dont je ne peux plus rien tirer."

Et une de mes préférées : "Je ne saurais me réconcilier avec les choses, chaque instant dût-il s'arracher au temps pour me donner un baiser."


Citations extraites des livres syllogismes de l'amertume, et ébauches de vertige; pendant un temps je me suis amusée à faire un catalogue de toutes les phrases qui m'ont plu sur un petit carnet.
Je conseille vivement Cioran, notamment syllogismes de l'amertume, il y a de grandes généralités très bien tournées, et puis des pépites de drôlerie et de bon sens, des critiques enragées de la société, une haine prononcée pour la religion et les philosophes... le tout toujours à porter de main, ça se dévore encore et encore avec une grande facilité. En plus il y a pas mal de référence à d'autres bouquins qu'il critique, ou qu'il donne en exemple, ce qui fait qu'on peut vite se faire une liste de bouquins à lire si on manques d'idées.

 

 


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Commentaires
P
Je trouve Cioran très drole. Le résumé est assez juste je trouve, quand il dit "une même obsession s'affirme : celle de conserver au doute le double privilège de l'anxiété et du sourire". Mais c'est vrai que c'est assez noir.
L
Je sens que si je lis ça maintenant ça me couperait les ailes de mon désir de faire du beau...
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